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Critère tueur : les bornes de recharge

Le critère qui tue lors du passage à une voiture électrique est le manque de stations de recharge à domicile. C'est ce qu'a révélé l'étude Swiss Mobility Monitor 2023 de l'Université de Lucerne.

Publié le 14.05.2023

Le prix d'achat onéreux, le scepticisme face à des possibilités de recharge insuffisantes ainsi que la crainte d'une puissance de batterie trop faible ont longtemps été les principales raisons pour lesquelles beaucoup ont décidé de ne pas acheter de voiture électrique. L'étude de cette année du «Swiss Mobility Monitor 2023» de l'Université de Lucerne montre toutefois que le passage à un véhicule électrique est moins une question d'argent ou d'autonomie que de manque d'infrastructure de recharge à domicile - et ce, toutes générations confondues. Car entre-temps, le réseau public de recharge est densément développé en Suisse, l'offre de modèles électriques performants est large et la demande élevée. Si l'on veut réussir le passage complet à l'électromobilité, les bailleurs et les propriétaires semblent être les premiers à être sollicités dans ce marathon.

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«Outre le fait qu'au début, on n'avait pas encore de contact avec la technologie, des facteurs comme le prix et l'autonomie ont dissuadé beaucoup de gens d'acheter une voiture électrique ces dernières années», explique Alberto Sanz de Lama, Managing Director chez AutoScout24. Mais aujourd'hui, ce ne sont plus les raisons principales. L'étude représentative à l'échelle nationale du «Swiss Mobility Monitor 2023» de l'Université de Lucerne, réalisée en collaboration avec les partenaires de l'étude AutoScout24, la Zurich Assurance et l'Université de Saint-Gall, s'est notamment penchée sur l'utilisation des voitures électriques ainsi que sur les motifs de passage à l'une d'entre elles. Il en ressort que «la possibilité de recharger le véhicule à domicile est considérée comme l'aspect le plus important pour passer à une voiture électrique - et ce, toutes générations confondues», explique Reto Hofstetter, responsable de l'étude à l'Université de Lucerne.

Contrairement à la possibilité de se recharger à domicile, les autres aspects qui inciteraient les conducteurs à passer à la voiture électrique ont été évalués différemment par les différentes générations. La génération Z, par exemple, accorde presque autant d'importance à la possibilité de charger la voiture à domicile qu'à un prix plus avantageux. Reto Hofstetter n'est guère surpris : «Après l'achat d'un bien immobilier, l'achat d'une voiture est généralement le deuxième investissement le plus cher de la vie. Il faut donc d'abord disposer d'une certaine part d'épargne avant de pouvoir s'offrir une voiture électrique. Cette condition n'est généralement pas remplie par la génération Z». Viennent ensuite, pour la génération Z, les aspects d'une plus grande autonomie ainsi qu'une infrastructure de recharge publique mieux développée. En revanche, les générations Y, X et baby-boomers considèrent qu'une meilleure infrastructure de recharge publique est la deuxième motivation la plus importante pour passer à une voiture électrique, après la possibilité de recharger à la maison. Une plus grande autonomie est également citée comme étant presque aussi importante. Les prix plus avantageux sont moins importants pour eux, les baby-boomers étant les moins sensibles aux prix en comparaison avec les autres générations.

Les stations de recharge publiques sont de plus en plus nombreuses en Suisse, ce qui rend le réseau de recharge de plus en plus dense. Selon Swiss eMobility, le nombre de stations de recharge publiques a augmenté de 29% en 2022 par rapport à l'année précédente (+556 points de recharge). Du côté de l'offre également, la part de marché des voitures électriques entièrement électrifiées parmi les voitures de tourisme nouvellement immatriculées n'a cessé d'augmenter au cours des dernières années pour atteindre 17,8% en 2022 selon Auto Suisse.

Malgré une meilleure infrastructure de recharge publique, une offre plus large et une grande popularité des voitures électriques, la Suisse n'est pas à la pointe en matière d'électromobilité en comparaison européenne. Si l'on se réfère aux statistiques de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (AEAC), la Suisse occupait en 2022 la neuvième place en termes de pourcentage de «véhicules branchés» lors des nouvelles immatriculations. Alberto Sanz de Lama explique ce classement de la manière suivante : «Il ne faut pas oublier que la Suisse est un pays de locataires. Et pour les locataires, il n'existe actuellement aucun droit de charger à domicile. Ils ne peuvent souvent pas décider librement de l'installation d'une borne de recharge, mais doivent espérer la bonne volonté des locataires». Pour lui, il est clair que sans une stratégie convaincante pour équiper les places de recharge privées, le scepticisme de nombreux Suisses persistera et le passage complet à l'électromobilité prendra plus de temps.

Photos: Autoscout
Souce: Autoscout
Texte: Cedric Heer

 

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